En occident, la représentation du paysage apparaît pendant l’antiquité grecque et romaine. Elle n’est alors peinte que comme « fond de scène » pour situer les figures principales d’une fresque.
Il faudra attendre la Renaissance pour que le paysage devienne progressivement sujet autonome.
D’abord vu à travers le cadre des fenêtres dans les tableaux représentant des scènes d’intérieurs (Sandro Botticelli, Fra Filippo Lippi), il va progressivement prendre une place de plus en plus importante, jusqu’à occuper toute la surface de la toile (Jan van Goyen, van Ruisdael, les Carrache).
De cette autonomie du paysage va poindre par la suite deux types de représentations de la nature, exposées aujourd’hui par la Galerie Frémeaux & Associés. L’une que l’on peut qualifier d’« imaginaire », dans laquelle se trouve représentée une nature idéale, recomposée, vraisemblable mais irréelle, fruit de la fantaisie du peintre et dont les données sont la présence d’éléments d’architecture, combinés à une montagne ou une colline et un cours d’eau. Ce type de représentation dont le grand maître fut Nicolas Poussin, s’exprime ici dans les paysages animés, les scènes pastorales et les scènes portuaires des écoles françaises et anglaises ou dans La halte de cavalerie, de Wouwerman et son école. L’autre grand courant que l’on peut désigner sous le terme de « paysage du réel », représente un lieu précis, une topographie identifiable, proposée de manière plus directe et fouillée, mimant au plus près la réalité observée. Ce genre, plus « crédible », caractéristique d’un Vermeer, se révèle dans les toiles de Charles Daubigny, d’Edward Chapell ou P. Perrier.
Mais quel que soit le type de représentation choisi par les peintres, il semble qu’ils se soient tous assignés pour fin – au delà du pittoresque ou de l’anecdotique – de capter dans le flux mouvant et sans cesse renouvelé des apparences un moment de grâce offert à notre regard.
Christophe Lointier & Patrick Frémeaux