Diplômée de philosophie et de sciences politiques, puis journaliste, Amel Zmerli amorçe au début des années 2000 un travail pictural qui s’inscrit dans la filiation d’une multitude de grands maîtres classiques et modernes, comme Rembrandt, pour la ligne et Pollock, pour l’approche gestuelle. Une pluralité d’influences dont l’évidence transparaissait dans les premières œuvres exposées par la Galerie Frémeaux, dont la force expressive convoquait tantôt les portraits du Fayoum, tantôt les travaux mouvementés d’un Soutine.
Mais parmi les diverses pistes formelles empruntées par Amel Zmerli, il en est une qui mène fortuitement à une autre figure majeure de la peinture du XXe siècle : Bram Van Velde. Par- delà leur fascination commune pour Matisse et son travail de « découpe dans la couleur », outre leur connaissance approfondie de l’histoire des grands maîtres de la peinture italienne, les deux artistes semblent empruntés des chemins contigus. Ils déploient sur la surface du papier des voiles de matière, mêlés ou juxtaposés, aux tons rompus, qui mettent en exergue l’aplat de la couleur dans son étendue, et donnent un ton particulier à la lumière de l’œuvre.
Un abord commun de l’usage des teintes qui semble à la fois hésitant et assuré, jeté et discipliné, et qui fait écho à la célèbre assertion de Jackson Pollock :« Quand je suis dans mon tableau, je ne suis pas conscient de ce que je fais. C’est seulement après une espèce de temps de prise de connaissance que je vois ce que j’ai voulu faire ».
Christophe Lointier & Patrick Frémeaux
