Des « ismes » qui jalonnèrent la vie artistique européenne du premier XXe siècle, le fauvisme, le cubisme, le futurisme, l’expressionnisme, etc., il en est un dont la postérité aura excédé celle des autres, le surréalisme. Issu des terreaux zutiste, pataphysicien et dadaïste, il fut d’abord littéraire, s’assignant pour horizon - comme l’écrit Breton dans son Manifeste – l’énonciation « de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale […] ». Cet attrait pour l’irrationnel, le hasard, pour la mise au jour des dynamiques de la psyché profonde à travers le rêve, l’appétence pour le fantastique et l’insolite, pour les métaphores visuels et l’hybridation des formes, furent les principales inflexions du surréalisme. Et elles ne se limitèrent pas au champ littéraire. Elles contaminèrent les autres arts. La photographie d’abord (Man Ray, Brassaï, Krull…), le cinéma ensuite (Dulac, Buñuel…), la sculpture (Giacometti, Oppenheim…) et enfin la peinture et les arts graphiques.
Prolongeant la rétrospective des oeuvres sur papier du célèbre peintre surréaliste André Masson - parallèlement à l’exposition monographique du Centre Pompidou-Metz -, la Galerie Frémeaux propose aujourd’hui de l’enrichir de créations d’autres artistes qui ont concouru aux riches heures du mouvement : Ernst, Matta, Lam, Bellmer, Brauner, Prévert, Tanning, Hérold, Fini… et Chica, son représentant contemporain, qui nous prouve que le surréalisme est toujours agissant !
Christophe Lointier & Patrick Frémeaux